L’Histoire des origines — Les Forces de la Nature

Trouvant l’inspiration de « Sortons jouer dans la Nature », un plan d’action pour rapprocher les jeunes de la Nature au Canada par le Conseil canadien des parcs, Chúk Odenigbo et Samantha Matters ont fait équipe avec l’illustrateur Alex Kwizera afin de créer « Les Forces de la Nature : L’Histoire des origines ». Ce dernier est une allégorie de travail d’équipe infusant de la magie et du danger visant à promouvoir un changement positif durable au XXIe siècle.

Chaque jour passant apportait des nouvelles à briser le cœur. Des randonneurs avalés par l’avancée des eaux en Colombie-Britannique; une forêt entière décimée dans le nord de l’Alberta; des enfants transformés en zombies vivants par une application pour iPhone. Les cibles étaient différentes et les méthodes changeaient constamment, mais le vrai but était clair : la destruction de la nature.

Cependant, il y avait des gens qui travaillaient contre ces forces du mal, qui semblaient conspirer ensemble dans leur haine éternelle du monde naturel. Ces individus se levaient et prenaient leurs armes. Des héroïnes et héros solitaires, chacune et chacun avec un vécu unique, exhibant une conscience empathique qui leur permettait de traverser les principes d’auto-justice. Le travail qu’ils faisaient était dangereux, hardi et audacieux, mais nécessaire.

C’était le 15 juin 2015. Le soleil brillait légèrement à travers les nuages du Nord et les oiseaux chantaient comme pour signaler le début d’un jour nouveau. Pourtant, cette journée ne ressemblait pas aux autres. Ayant noté cette folie qui se propageait dans le Canada, Chloé Dragons était prête à agir. Non pas par une série de réponses à ces attaques contre la Nature, mais par une directive préventive visant à raviver l’esprit des gens : cultiver la prochaine génération d’intendantes et d’intendants pour gérer durablement les forêts, combattre la désertification, arrêter et même inverser la dégradation des sols, empêcher la perte de biodiversité et, surtout, aimer la nature.

En provenance des trois océans entourant le pays, douze héroïnes et héros canadiens se sont réunis et dirigés vers un sommet d’une importance capitale. Chloé a rassemblé des activistes, enseignantes, enseignants, chercheuses, chercheurs, musiciennes, guérisseuses, fonctionnaires, éducateurs et bien d’autres profils encore, tous issue de différentes générations et de différentes cultures, dans le but de créer une ligue des superhéros et ainsi sauver le pays.

Ce jour-là à Yellowknife, Chloé se tenait debout au fond de la pièce. Les tables, arrangées en cercle, attendaient ses invités. Vers les neuf heures du matin, ils se sont mis à se promener, à se saluer poliment et à se jeter quelques regards — question de se mesurer entre eux. Le groupe était formidable, entre autres grâce aux différences qui les séparaient.

Une fois que tout le monde fut installé, Chloé fit taire la salle et a commença à parler. Sa voix contenait tellement d’excitation et de conviction sur l’importance de ce périple dans lequel ils étaient sur le point de s’embarquer, que chacune et chacun se sentait personnellement touchée et touché par ses mots. Elle interpella tous les membres du groupe :

« Je voudrais que chacune et chacun d’entre vous se présente. Racontez-nous votre histoire et dites-nous pourquoi vous aimez tant la nature ? »

Au fur et à mesure que chaque invitée et invité discutait de ses expériences, leurs différences déjà évidentes devenaient de plus en plus accentuées. Sam a discuté de sa vie qu’elle a passée surtout à l’extérieur; Be’Sha a parlé de ses fonctions comme aînée; Chúk a mentionné quelques citations qui ont influencé son existence; Chloé a partagé des images de son enfance; Guylaine a mentionné les écoles de la forêt; et Kevin a fait référence à ses études sur le transport urbain. Malgré leurs nombreuses différences, Chloé pouvait sentir la puissance potentielle de ce groupe. Petit à petit, ils construisaient des relations et tissaient des liens solides. Leurs divers récits, en dépit de leurs différences, étaient centrés sur un thème récurrent : la nature. La nature était le ciment, la force de cohésion, qui les rassemblait, quoique leurs personnalités et leurs priorités soient différentes.

Cependant, il y avait une crainte dans la salle. Ils savaient qu’au fur et à mesure que le nombre de personnes sortant en plein air réduisait, la conscience collective de ce qui se passait à l’extérieur, dans la nature, diminuait. Ceci allait affecter négativement la valeur accordée à ce patrimoine partagé et par conséquent, l’avenir de la planète. Pour que cela ne se produise pas, ces héroïnes et ces héros avaient l’obligation d’écraser les ennemis de la Nature avec toute leur puissance, toute leur énergie et toute leur âme. Et ils étaient tous motivés pour le faire.

Après une journée longue, mais très productive, la nouvelle équipe fut amenée par bateau à l’une des nombreuses îles dans le Grand lac des Esclaves, afin de s’adonner à la pêche et la randonnée, de profiter de la vue, ainsi que de prendre le temps d’apprécier la beauté du paysage. Le soleil brillait tard dans la soirée et il y avait tous les ingrédients pour que la nuit se transforme en fête. Nos héroïnes et héros se sont alors dispersés aux quatre coins de l’île, pour réaliser différentes activités : exploration approfondie de l’île, création d’une aire de camping, entrainement au tir et à la pêche… C’est à ce moment apaisant que la pagaille est entrée sur scène.

Sans aucun avertissement, le terrain sous leurs pieds s’est mis à trembler, alors que des fissures apparaissent et que des créatures obscures tapies dans les ombres s’échappaient des crevasses nouvellement formées pour les attaquer. Ayant des corps mutilés, ces êtres semblaient avoir reçu un appel du point le plus profond de l’enfer. Sans un moment d’hésitation, l’équipe réagit. Kyle et Denis étaient sur un bateau de pêche lorsque Denis s’est mis à l’eau. Avec une vitesse impressionnante, et pendant que son corps transformait, il débarquait sur l’île, prêt à se battre. Les yeux de Kevin devenaient rouge sang alors que les nuages se rassemblaient de façon menaçante. Sam poussa un cri, laissant le vent porter sa voix aux destinations visées, tout en gardant une image de sérénité face au chaos qui déferlait. Bill et Tim continuaient de bavarder comme si de rien n’était, ignorant même les ombres qui les approchaient. Pascale s’est levée, tout en prenant une position de combat, alors que des vagues de chaleur commençaient à rayonner de son corps. Robin avait déjà disparu et Guylaine fronçait les sourcils. Chúk souriait, alors que ses yeux s’assombrissaient.

En un instant, ce fut la folie incarnée. Il y avait un loup blanc qui arrachait le cou de chaque créature qui passait à sa portée, un dragon géant doré provenant du ciel faisait pleuvoir du feu sur l’île, les animaux de près et de loin aveuglaient les démons et les frappaient de toutes leurs forces avec leurs corps. Les insectes mordaient, les nuages de moustiques bourdonnaient, tout en laissant tranquilles nos héroïnes et nos héros métahumains. Chacune des vagues en provenance du lac fauchait des dizaines de créatures infernales, les faisant disparaître instantanément. Be’sha parlementait avec la terre, afin de refermer les crevasses et enterrer ces bêtes démoniaques pour de bon.

Chúk pleurait des larmes noires alors que tous les démons qui l’entouraient tombaient au sol, leurs corps implosant autour de lui. Le sable et la chaleur faisaient fondre ceux qui essayaient de s’en prendre à Pascale, tandis que les monstres autour de Guylaine se déchiraient. Pendant que Bill et Tim poursuivaient leur discussion, les démons qui essayaient de les approcher devenaient de plus en plus lents, et perdaient leur désir de combats et de sang avant même de pouvoir effleurer ces deux hommes. Sam était assis à côté d’un jeune orignal, observant calmement les événements se déroulant sous ses yeux. De temps en temps, on voyait des progénitures infernales s’effondrer, comme ruées de coups de poing invisibles. Robin était en première ligne.

Progressivement, les gouffres à la surface de l’île se sont refermés et le dernier démon fut vaincu. Le dragon doré bénissait la terre avec une forte pluie afin d’éteindre les quelques feux restants. Tout au long de cette épreuve, Chloé était restée silencieuse, ses yeux fermés. Par une force difficile à discerner, la terre presque guérie cracha un petit homme enrobé avec des yeux verts et méchants ainsi que des cheveux noirs de jais. Il semblait tenu en place par une sorte de force magnétique. L’équipe entière s’était rapprochée de Chloé, se sentant appelée, ou aspirée en effet, à cet endroit.

« Pourquoi nous avoir attaqués? », demanda Chloé. Sa voix transmettait une tristesse qui caressait le cœur, en devenant un givre qui provoquait une angoisse perpétuelle.

Et le méchant se mit à pleurer.

Chúk Odenz

Le Scientifique (Alberta)

Rôle: Writer and Researcher
Pouvoir: Communication across species

Chúk Odenz regardait le bazar qu’il avait fait, essayant de déduire la meilleure manière de tout nettoyer avant qu’il se retrouve coincé par un autre membre de son laboratoire. En attendant les résultats d’une de ses expériences, il s’était ennuyé et avait pris la décision de mélanger certains composés chimiques, en les combinant afin de créer de petites explosions. Malheureusement, en raison de sa négligence, une des explosions a été beaucoup plus grande qu’attendu et a créé un véritable chaos de béchers, éprouvettes, de bouteilles de lavage cassés… bref, un assortiment de nombreux objets endommagés ou déplacés par la déflagration. Il aurait besoin d’un peu d’aide.

« J’assure tes arrières frérot! » Chúk a donné un « high five » à un grand homme mince à la peau foncée, avec un sourire taquin, et des yeux remplis de secrets. Un homme qui lui ressemblait exactement.

Chúk a parcouru le monde dès son plus jeune âge, mais toujours en restant seul. Il déménageait constamment de ville en ville parfois en changeant même de pays et donc découvrant de nouvelles écoles. Sa vie était dans un état constant de changement. Peu importe sa destination, dans chaque nouveau lieu de résidence temporaire, Chúk trouverait un arbre, et c’est là qu’il planifierait, dessinerait, lirait et jouerait. Il avait une affinité pour les arbres, pour les espaces verts, mais un jour, c’était trop pour lui de supporter son chagrin, sa solitude, son désespoir. Ce jour-là, Chúk est tombé dans un abîme de folie, dans un trou inépuisable et sans fond. Aucune lumière de la surface et aucun indice de la fin de sa chute libre.

En pleurant, ses larmes devenaient noires comme la nuit, répandant la mort dans sa forme la plus pure dans son environnement proche. L’arbre sous lequel il s’est trouvé, l’herbe, les animaux… tous les êtres vivants dans les alentours tomberaient profondément malades. Chúk était là pendant des mois, avec l’étreinte de la fin du temps, comateux et perdant son lien avec la réalité. Il tombait continuellement. Il tombait sans arrêt. Il tombait; et quand tout espoir fut perdu, il sentit la main de quelqu’un prenant la sienne, afin de l’attraper. Chúk se redressa avec un soubresaut, en ayant un contact avec un autre, une vive surprise que quelqu’un ait saisi sa main, stoppant sa chute interminable. Il a levé ses yeux vers le visage de son sauveteur, la personne qui l’a ramené dans un monde où tout était possible, l’homme qui a dispersé son état de folie… et il s’est vu lui-même. Ou du moins, quelqu’un qui lui ressemblait exactement.

« Chúk? », demanda cet inconnu qui lui ressemblait parfaitement. Chúk, qui ne savait pas comment analyser ce qu’il était en train de voir, est resté sans voix. Son jumeau le prit dans ses bras et les larmes noires de Chúk ont commencé à briller. La corruption se retira des environs; l’arbre guérissait à vue d’œil, l’herbe devenait luxuriante et les animaux revenaient à la vie. Depuis ce jour, Chúk n’était plus seul.

« Ne serait-il pas intéressant de jeter du potassium pur dans la piscine? »

Samantha Matte 

La Penseuse (Alberta)

Rôle: L’écrivaine et la chercheuse
Pouvoir: Communication entre les espèces 

« Plus vite », elle chuchota dans son oreille. Elle adorait l’odeur, la vitesse, la puissance, la beauté majestueuse, magnifique et sauvage de son cheval. Elle sentait le vent dans ses cheveux châtains, ses jambes s’agrippaient fermement au corps du cheval tandis que ses doigts s’entrelaçaient dans sa longue crinière. Le cheval s’est abandonné à la course et galopait à pleine vitesse, et Sam Matters s’accrochait, ne faisant plus qu’une avec cette bête élégante et gracieuse.

Depuis son enfance, Sam avait une connexion et un rapport profond avec les animaux. Elle aimait chaque créature vivant dans la ferme de sa famille à Mannville, en Alberta. En effet, selon elle, ces animaux faisaient partie de la famille. Elle les regardait droit dans les yeux et un lien était instantanément créé. Un lien tant spirituel qu’amical qui lui permettait de comprendre non seulement qui elles ou ils sont, mais aussi leur vécu. Ainsi, les histoires de Sam et de l’animal s’entremêlaient pour toujours.

Ce jour-là, le soleil brillait haut dans le ciel et le sang de Sam rayonnait le bonheur. La terre l’appelait, en lui parlant à travers les sabots de son compagnon quadrupède, en lui criant par le mouvement féroce du vent, en l’embrassant via la lumière réchauffante provenant du soleil. Sam était Métisse, son histoire familiale étant originaire de l’Europe et de la Première Nation Cris. Cependant, elle n’était jamais certaine d’où elle venait ni de ce qu’elle était. Bien qu’elle venait de commencer le processus de réconciliation avec son héritage et sa culture autochtone, la terre appelait encore son nom, sachant qu’elle en faisait partie.

Un aigle cria. « Sam! » Le cheval se mit à trotter pour faciliter l’approche de l’aigle à ses côtés. Sam riait, son visage tout rouge et son corps irradiant d’énergie. Elle se tourna vers la belle créature. « Que puis-je faire pour toi? » a-t-elle demandé.

« J’ai besoin de ton aide! Ils rasent la forêt! »

Sam a signalé à son camarade dévoué d’y retourner, elle était prête à défendre les écosystèmes.

Chloé Dragons

La chef (Territoires du Nord-Ouest)

Rôle: La chef
Pouvoir: Magnétisme métahumain

L’air du Nord était froid.

Elle ferma les yeux, laissant le vent frais caresser son visage, alors que le soleil de minuit l’embrassait sur le front. Avec une vision éphémère venant d’une immersion dans un monde inspiré par ses propres pensées et souvenirs, ses paupières fermées lui donnaient la tranquillité nécessaire pour laisser ses autres sens s’exprimer totalement.

Elle pouvait ressentir des vibrations, ses oreilles étaient capables de capter une mélodie transperçante portée non par des courants d’air, mais comme par les battements d’un cœur. En retenant son souffle, elle entendait une symphonie — des sons tissant dans une harmonie unique à eux-mêmes, mais néanmoins, ils semblaient dispersés à travers le temps et l’espace. Elle goûta la saveur acidulée d’une larme, ressentit une montée d’adrénaline, inhala la tranquillité, entendit le bonheur. Elle avait du mal à traiter mentalement toutes les données sensorielles qui lui parvenaient, incertaine de leur provenance.

Elle ouvrit les yeux à nouveau, confuse, mais confiante. Ils venaient. Elle ne savait pas qui encore, mais elle savait qu’ils allaient venir. Elle sentait leurs cœurs orientés vers elle, elle se sentait à l’épicentre d’une symphonie, et la musique venait juste de commencer. L’orchestre.

Denis Thirou

Le nomade (Nunavut)

Rôle: La transformation des idées en réalité
Pouvoir: Loup-garou

La ville d’Iqaluit au Nunavut est reconnue comme la capitale la plus nordique au Canada et une des villes les plus septentrionales dans le monde. Bien que la population soit peu nombreuse, la ville possède la plupart des commodités que l’on peut s’attendre à trouver dans la capitale d’un territoire canadien, à une exception importante : les arbres. Iqaluit est la seule capitale canadienne au-dessus de la limite forestière, et avec ses hivers rigoureux et ses étés paresseux, seules les plantes les plus résilientes peuvent y prospérer.

Densi Thirou était un nomade depuis longtemps. Il a traversé le sud du Canada à plusieurs reprises dans sa jeunesse à la recherche de son identité. Avec une famille canadienne-française dont l’histoire était enracinée dans celle de plusieurs provinces, Denis était chez lui partout et pantoute. Il était capable de s’installer où qu’il se trouve, tissant des liens forts et amicaux, mais jusqu’à ce moment-là, aucun lieu n’avait réussi à le retenir. Suivant l’appel de l’aventure, il a pris la route vers le nord, terre qui lui était encore inconnue, où il ne connaissait personne. Arrivant chez les Nunavummiut en plein milieu d’hiver, il fût obligé d’affronter un froid comme il n’a jamais ressenti auparavant et son cœur commença à battre plus vite. Il y avait quelque chose par rapport à cette terre, cet air, ce vent, ces gens… il souhaitait appartenir à ce territoire.

Comme pour tous ses domiciles, Denis explorait non seulement les plaisirs de la ville, mais aussi la nature sauvage. Il courait, grimpait, dansait, et se baladait en faisant du kayak, de la planche à neige, et de la randonnée. Il reniflait les arbustes, il s’intégrait à la population locale et, lentement mais sûrement, il s’enracinait.

Parmi les nombreux contes et légendes partagés entre parents et enfants dans la culture canadienne-française, il y a celui du loup-garou. Le lycanthrope mythique prend la forme d’un grand loup, distinct d’un chien ou d’autres créatures canines par sa taille et une tache blanche au centre de son front. Les narrations de ses histoires varient énormément, mais un élément commun et clé est le fait qu’ils n’étaient jamais vus à la lumière du jour. On croyait souvent qu’ils prenaient la forme d’un être humain pendant la journée afin de se cacher. Sont-ils des bêtes qui prenaient la forme des humains, ou des humains qui se transformaient en bêtes? La science n’a aucune réponse. Or, plusieurs préfèrent croire que ces créatures n’existent que dans le bruissement du passé.

Curieusement, après le déménagement de Denis à Iqaluit, les habitantes et les habitants ont mentionné avoir vu un magnifique loup gris avec un corps majestueux et une présence raffinée, se promenant dans les plaines stériles. Bien que personne n’ait osé s’en approcher, ceux qui étaient assez courageux pour se cacher afin de l’observer juraient avoir aperçu une tache subtile sur sa tête; un cercle brillant d’un blanc vif au centre de son front.

Pascale Vanwilde

La Citadine (Nouvelle-Écosse)

Rôle: L’agent de liaison gouvernemental
Pouvoir: Désertification

Pascale Vanwilde est issue d’une famille d’immigrants qui partageait leur amour pour le Canada avec leur fille. Urbaniste passionnée habitant à Halifax en Nouvelle-Écosse, l’océan l’impressionnait, laissant une empreinte dans son esprit. Néanmoins, elle trouvait sa zone de confort dans les cœurs des villes et les paysages urbains, où les commodités modernes étaient facilement accessibles.

La presqu’île contenait de nombreuses zones vertes qui permettaient souvent à Pascale de se calmer, après une longue journée ou une longue semaine au bureau. Elle allait dans un parc puis elle se dirigeait directement à un banc afin de s’asseoir, laissant la vue bouleverser tous ses sens. Ce beau mélange de verdure et d’arbres avec un arrière-plan urbain – une fusion de l’artificiel avec la nature – lui donnait un sentiment d’appartenance inexplicable.

Ce jour-là, le travail l’avait amené dans un parc. Elle s’est assise en cercle en plein air avec ses collègues de travail, prête à discuter des programmes qu’ils pourraient mettre en œuvre pour permettre aux gens de découvrir la nature à travers ces parcs disséminés dans le pays. Pascale balaya du regard l’ensemble de ses collègues, reconnaissant les gens qu’elle voyait régulièrement au bureau et remarquant qu’elle était la seule qui n’avait pas choisi de porter de short kaki.

« Nous avons besoin de plus de programmes de camping! » souligna un homme aux yeux verts et cheveux blonds. La discussion avait duré environ cinq minutes avant que le mot « camping » ait été mentionné. Pascale a retenu son souffle en attendant qu’une autre personne dise « randonnée » et que quelqu’un parle de « la nature sauvage pure ». C’était tout le temps pareil. Ses collègues étaient toutes et tous du même style; ils aimaient aller dans les forêts sans aucune commodité, avec un sac à dos rempli d’équipement et de provisions. Ils parlaient de « vivre à la dure » et de « la bonne façon de profiter de la nature » comme s’il y avait qu’une seule et unique manière de le faire.

Pendant que la conversation se poursuivait, Pascale s’est échauffée. Il fallait sûrement que quelqu’un dise quelque chose de différent, quelque chose d’inattendu? Ses yeux clignaient de plus en plus avec l’augmentation de la température.

« Vous ne pouvez pas être sérieux les gars? Parlez-moi de ceux qui préfèrent profiter de la nature et rester quand même proches de la civilisation? Proposez des terrains de camping avec des prises électriques, mettez en vedette de nouveaux Canadiens dans nos publicités… » Pascale se lança alors dans l’énumération d’une série d’idées que toute personne avec un peu d’imagination aurait pu trouver évidentes comme options alternatives.

« C’est moi ou il fait plus chaud? » se demanda une des femmes brunes; alors que de la sueur perlait sur son front. « Est-ce que c’est du sable? » demanda une autre, regardant la surface texturée de plusieurs grains qu’elle ressentit soudain contre ses pieds nus. À ce moment précis, les yeux de Pascale se sont teints d’un brillant écarlate.

« Écoutez-moi! »

Bill Paxton

L’enseignant (Ontario)

Rôle: l’enseignant
Pouvoir: Calme, paix et tranquillité

Bill Paxton se sentait à l’aise. Il avait été engagé pour faire un discours devant une association enseignante, afin d’expliquer les raisons pour lesquelles les enseignantes et les enseignants devraient amener leurs élèves du primaire en plein air, et comment le faire. Il connaissait une douzaine d’articles scientifiques qu’il pouvait citer, en plus de la passion pour le sujet qui brûlait dans son cœur. Il n’avait aucun doute quant à la vérité de ce qu’il allait dire.

Comme d’habitude, il ne portait pas accessoires physiques et n’avait pas de supports électroniques avec lui. Pas de présentation PowerPoint, pas de diaporama, pas d’affiches. Il allait les captiver par sa présence, par sa voix, par son essence. Il pouvait entendre son public cherchant leurs sièges. C’était le dernier exposé de la journée, un fait qui nuisait à sa capacité d’attirer leur attention, car à ce moment-ci, il y avait une grande possibilité que la plupart parmi eux étaient dans une sorte d’autopilote professionnel — ils étaient probablement trop fatigués de rester à l’écoute.

« Et pour le prochain orateur, nous avons Bill Paxton qui va nous expliquer l’importance de l’éducation en plein air! » le maître de cérémonie a appelé son nom et Bill s’est levé. Il se dirigeait vers la scène avec une aura d’aisance et d’expérience qui brillait autour de lui. C’était presque comme s’il venait de se réveiller, frais pour la journée et prêt à relever les défis du monde.

Alors qu’il montait sur le podium, le bruit dans la salle continuait comme s’il n’était pas là. Bill ferma ses yeux une seconde et en les rouvrant, une vague de silence se fit entendre au sein des spectatrices et des spectateurs, comme si l’esprit de tranquillité avait pris possession de leurs âmes. Il dégaina son sourire charmeur et attachant, puis il commença.

« Bonsoir à toutes et à tous »

Robin Freeze

La méditative (Colombie-Britannique)

Rôle: La militante 
Pouvoir: Effacement de soi

Robin Freeze fit une pause. Elle était au milieu de la nature sauvage, au nord de la Colombie-Britannique, et cela depuis quelques semaines. Elle faisait une randonnée afin de profiter de la tranquillité qui provenait du fait d’être loin de tout. Elle respirait profondément, admirant vraiment l’air des montagnes, la fragrance de la nature dans ses narines et son goût sur ses lèvres.

Les acides gastriques dans son estomac ont bouillonné, signalant le besoin de manger et de se détendre pour un moment. Elle a ainsi décidé de monter un campement et d’aller à la recherche de nourriture. Suivant son instinct, elle restait à proximité de l’endroit où elle a laissé ses affaires, tandis qu’elle cherchait le son d’un cours d’eau dans les environs et vérifiait si la végétation dans sa ligne de mire était comestible. Sa recherche de nourriture était palpitante, ses oreilles fonctionnaient comme celles d’un lapin et son nez énumérait soigneusement chaque odeur qu’il percevait — démontrant son expérience considérable dans la nature sauvage et sa capacité de survivre.

Elle entendit un bruit provenant du mouvement d’une grande créature. Le vent soufflait dans la mauvaise sens pour rendre son nez utile. Elle s’accroupit immédiatement et s’arrêta de bouger. Ses pupilles se dilataient alors que sa pulsion ralentissait et sa température corporelle diminuait pour imiter celle du milieu environnant. Tout était possible. Cela pouvait être un autre humain tout comme cela pouvait être un ours. Évitant tout risque non nécessaire, Robin minimisa son existence en se rendant à peine perceptible.

Un museau noir est devenu visible au coin de son œil – c’était la confirmation dont elle avait besoin. Elle cessa de respirer, se servant de l’oxygène de sa dernière inhalation pour maintenir le processus de respiration à un rythme plus lent. Dans cet état, elle pouvait retenir son souffle pendant des heures. Moins elle utilisait d’oxygène, moins sa présence se faisait ressentir parmi le vivant. Elle sentit un picotement, lui rappelant la raison pour laquelle elle se trouvait dans ces broussailles.

Câlisse, j’ai faim…

Kevin Cheng

L’étudiant (Colombie-Britannique)

Rôle: L’urbaniste
Pouvoir: 望子成龙 (wàng zǐ chéng lóng); apparition du dragon chinois jaune, Huanglong

La balade en vélo était si douce. Le vent soufflait dans ses cheveux et le soleil réchauffait son dos alors qu’il avançait sur la superbe piste cyclable dans les espaces verts du centre-ville. Kevin Cheng prenait une pause de ses études en profitant de la belle météo que la journée avait apportée.

Originaire d’une des plus grandes zones métropolitaines du pays, Vancouver, en Colombie-Britannique, et étudiant de deuxième cycle dans la plus grande ville canadienne, Toronto, en Ontario, Kevin était un homme aux immeubles de grande hauteur, aux environnements urbains et à la vie en ville. En fervent cycliste, Kevin a remarqué dès son jeune âge que sa capacité de se déplacer était limitée par le manque de pistes cyclables dans plusieurs aires urbaines et, dans le cas où elles existaient, elles étaient mal conçues, mettant parfois la vie des cyclistes en danger. En raison de ses observations et des soucis qui en sont issus, Kevin a choisi de militer pour sensibiliser l’ensemble de la population canadienne, les décideuses et les décideurs aux avantages de l’urbanisme participatif.

Après avoir obtenu son diplôme de premier cycle en Colombie-Britannique, il s’est déplacé d’un bout à l’autre du pays pour poursuivre ses études, demeurant dans un état d’apprentissage perpétuel et d’action constante.

Il s’est finalement arrêté au bord de l’eau, un sourire sur son visage pendant qu’il regardait tous les gens, le peuple de sa communauté, profitant de la journée aussi. Lorsqu’il fut prêt à partir, il prit la décision d’utiliser l’autobus, car il était fatigué. Ce fut une longue journée, remplie d’activités amusantes. Alors qu’il montait la pente vers l’arrêt d’autobus, il aperçut une série d’événements qui allait entraîner une collision avec des dommages conséquents.

Il y avait un homme qui faisait ce qui semblait être du vélo de montagne au milieu d’une rue sans piste cyclable. Le chauffeur d’autobus conduisait à haute vitesse comme s’il était en retard. Une voiture essayait de se servir de la voie d’autobus en manœuvrant entre le cycliste et l’autobus. C’était un accident en attente de se produire. Le monde semblait tourner au ralenti, les yeux de Kevin sont passés d’un brun de chiot qui faisait fondre la plupart des cœurs, à un rouge brillant, identique à deux rubis mis en feu.

Des nuages se sont formés rapidement dans le ciel, obscurcissant toute la ville par une éclipse du soleil. Les nuages tournaient et tourbillonnaient, comme le début d’une tornade. Des flammes se sont propagées à partir de ce mouvement continu, les couleurs enflammant le ciel. De cette scène magnifique émergeait un long corps enroulé, serti d’écailles dorées. Le Dragon chinois doré.

Kevin lui a montré ces ingrédients d’un futur malheureux et le dragon a rugi.

Be’sha

L’Aînée (Territoires du Nord-Ouest)

Rôle: L’aînée
Pouvoir: Guérisseuse traditionnelle

Chaque fois qu’elle entrait dans une forêt, elle la saluait, alertant les arbres, les roches, les animaux et tous les êtres vivants et non vivants de sa présence. En réponse, le vent soufflait puis s’apaisait. Le ruisseau gargouillait. Les arbres grinçaient collectivement, déplaçant leurs bras à l’unisson avec les courants d’air. Des hurlements, des rugissements, des gazouillements et d’autres signaux auditifs indiquant la présence des animaux se réverbéraient partout dans les bois. C’était le signal que la forêt l’accueillait à bras ouverts, et elle remerciait toujours gracieusement son hôte.

Avec chaque pas, elle sentait la terre, le vent, l’air et les arbres. Elle pouvait sentir les âmes de celles et ceux qui l’avaient précédée, les esprits qui étaient là actuellement, et les consciences de celles et de ceux qui allaient venir. Voici la vie d’une femme qui fait partie la terre sur laquelle elle marche. Ce jour-là, elle s’est penchée et a touché le ruisseau. L’eau a sauté allègrement dans ses mains, impatiente d’être bue, et lorsqu’elle la goûtait, elle savait où l’eau était et où l’eau allait.

Be’sha était une aînée. Après avoir accumulé les connaissances et la sagesse transmises par toutes et tous les mentors qu’elle a eus tout au long de sa vie, elle était dans un état constant d’apprentissage et de partage. Elle enseignait aux jeunes membres de sa nation et à toutes et tous qui venaient à elle, avec un esprit et un cœur ouverts. Elle pouvait parler aux animaux, converser avec les arbres et discuter avec les éléments. Elle connaissait les danses qui pouvaient changer la météo et les plantes qui pouvaient guérir le corps. Elle avait la sagesse collective de ses ancêtres, ses aïeux, ses élèves, ses amies et ses amis.

Elle était, tout simplement, une aînée.

Guylaine Abot

La Professeure (Québec)

Rôle: La chercheuse
Pouvoir: Projection astrale et hypnose basées sur l’imagination

« Je crois fortement au jeu libre et non structuré », Guylaine Abot commençait son cours. Bien que la recherche sur les écoles en plein air ainsi que sur les bénéfices que les enfants reçoivent d’être dans la nature était sa raison principale pour avoir poursuivi un doctorat et pour être entré dans le milieu universitaire, elle tirait également une grande joie dans le partage de son amour pour la nature.

Alors qu’elle parlait, elle partageait des photos des écoles en forêt qu’elle avait visitées. Ces images lui ont rappelé des souvenirs, des émotions et des sentiments. Il existait une certaine nostalgie qui arrivait en voyant ce qui était déjà présent, et c’est cette nostalgie qui motivait son désir de continuer à avancer, à apprendre davantage et à progresser. Avec chaque diapositive, au fur et à mesure que Guylaine parlait, ses mots ont pris un tintement. Cela semblait comme si elle s’harmonisait avec elle-même. La hauteur d’une partie de sa voix continuait au niveau normal et une autre atteignait une hauteur hors du spectre que la plupart des voix humaines ne pouvaient pas égaler. Les vibrations déclenchèrent une sorte d’hypnose temporaire chez les élèves, qui occasionnait le sentiment d’être physiquement présent dans chaque école qu’elle était en train de décrire.

Ils pouvaient entendre des voix, ressentir le vent, sentir l’odeur de l’herbe… tout paraissait incroyablement réel; leurs corps physiques les assuraient qu’ils ne subissaient pas une illusion, mais une réalité alambiquée fondée sur les paroles de Guylaine.

« Pouvez-vous sentir la chaleur du soleil? »

Tim Keen

Le Lorax (Ontario)

Rôle: Homme des idées
Pouvoir: Silène

Tim Keen regardait fixement la baie Géorgienne depuis la véranda de sa cabine. Il avait décidé de prendre quelques jours de congé afin de profiter du beau temps d’été. Le soleil était bas à l’horizon, permettant à une brise rafraîchissante de se faufiler entre les arbres, transportant leurs odeurs directement à ses narines.

La partie créative de son esprit réfléchissait. Tim aimait conceptualiser, concevoir et élaborer des concepts tangibles qui auraient le potentiel de lui survivre. La fragrance incroyable qu’il inhala à cet instant provoqua son désir de le partager. Or, comment pouvait-il embouteiller cette odeur et y ajouter cette sensation d’être à ce moment précis de la journée, dans ces conditions exactes. Comment met-on en bouteille un sentiment?

D’une certaine manière, il savait comment le faire. Son corps s’est mis au travail, repérant les ingrédients dont il avait besoin dans son arrière-cour. Il grimpait aux arbres, fouillait dans les buissons, goûtait à des arbustes et touchait à tout. Il laissait son subconscient prendre la relève en utilisant ses instincts presque divins, présents en lui depuis sa naissance. Il a vite rassemblé tous les ingrédients nécessaires et est rentré chez lui.

Avec d’anciennes et secrètes techniques de production, il fabriqua une potion, faisant attention au goût et à l’expérience globale que la buveuse ou le buveur recevrait. Il a ajouté une toute petite touche de magie pour couronner le tout, conservant l’extase du présent pour mieux profiter de l’avenir.

Dan Palz

L’optimiste (Yukon)

Rôle: l’optimiste et administrateur
Pouvoir: La dame blanche de Kraków

Dan Palz ouvrit ses rideaux et souriait pendant que les rayons du soleil le baignaient dans leur lumière. Il vivait dans une des villes les plus vertes du pays : Whitehorse, au Yukon. Le paysage urbain était couvert d’arbres, et l’étendue sauvage était constamment au coin de la rue. Alors qu’il quittait la maison ce matin-là, rempli d’énergie et d’optimisme pour commencer la journée, il aperçut une jeune fille sans tête, qui traversait la rue.

Dan laissa échapper un soupir. Ce présage décrirait sa journée. Soit quelque chose n’allait pas, soit quelque chose allait ne pas aller. Il a sauté dans sa voiture et roulait rapidement, suivant cette jeune fille toute vêtue de blanc portant ce qu’il supposait être sa tête. Elle se faufilait au travers de la circulation, d’autres conductrices et conducteurs complètement inconscients de la scène que Dan apercevait. Finalement, la route était devenue impraticable et Dan avait besoin de quitter son véhicule et continuer à pied.

Étant un homme d’extérieur, il connaissait les techniques de randonnée et de poursuite à haute vitesse. Il bougeait rapidement et efficacement dans sa poursuite de cette fille sans tête. Cependant, il n’avait pas l’avantage de pouvoir traverser les objets solides, avantage que la fille sans tête semblait avoir. Ils entraient dans une région vraiment sauvage où les sentiers n’existaient plus et les réseaux cellulaires étaient complètement coupés. Dan fit un inventaire mental de tout ce qu’il y avait dans la trousse d’urgence qu’il portait sur son dos, remerciant son bon sens de toujours laisser un sac pour les urgences, préparées dans la voiture.

Elle s’est soudainement arrêtée, lui montrant le problème. Dan se tourna dans la direction qu’elle lui a indiquée et vit un jeune homme tremblant de peur pendant qu’un grand ours brun s’approchait de lui. Bien que les mouvements de l’ours étaient prudents, ils étaient déterminés aussi. Il se déplaçait clairement en direction de cet homme.

Dan courut vers le lieu du possible affrontement, faisant du bruit en brisant des branches, afin de vraiment faire connaître sa présence. Alors qu’il se rapprochait de l’action, un homme masqué, habillé de rouge, se manifestait à côté de lui, en tenant une hache qui dégoulinait de sang. Dan a jeté un coup d’œil en arrière, notant que la fille sans tête n’était plus là. Il regardait alors devant lui, notant aussi que l’homme masqué rouge qui était à ses côtés était maintenant debout au-dessus de l’ours qui se trouvait immobilisé avec la hache sur son cou comme une guillotine, attendant la confirmation de Dan pour exécuter cet ours.

Dan sourit, secouant la tête. L’ours était coincé et Dan était alors libre d’aider le touriste infortuné et malheureux qui a fait l’erreur de s’aventurer hors des sentiers battus, dans la nature sauvage du Yukon, sans aucune manière de se protéger.

« Es-tu correct? »

Kyle Spring

Le Communicateur (Ontario)

Rôle: Le conseiller en communication
Pouvoir: Kelpie; Hydrokinésie

L’eau. Kyle Spring assistait à une réunion du conseil d’administration, se demandant la meilleure façon de trouver une solution au dilemme qui se présentait devant eux. L’eau. Avec une équipe incroyablement douée autour de lui, Kyle savait que la résolution du problème était imminente, et il demanda une pause pour permettre à tout le monde de se reposer et de reprendre ses esprits. L’eau.

Il sortit de la salle en tenant un verre. L’eau. Il n’a fait aucun effort pour ingérer le liquide ni pour l’approcher de son visage. L’eau. Au lieu de cela, il tentait le verre fermement, en regardant le liquide transparent, ses pupilles dilatées comme il se souvenait du sentiment de l’océan touchant sa peau. L’eau.

« Hé, pourquoi avoir besoin de çà? » Kyle fut arraché de sa rêverie par un de ses collègues du conseil. Jean semblait épuisé; trois jours se sont écoulés depuis le début du débat, et même s’ils étaient sur le point de déterminer leur prochaine étape, tout le monde était épuisé.

Kyle fit un signe de la tête avec empathie. L’eau dans son verre sortait de l’ordinaire. Normalement, on ne s’attend pas à ce que l’eau se déplace sans être physiquement transférée d’un contenant à un autre. Dans le cas présent, plusieurs minces filets d’eau sortaient du verre, afin de toucher la main de Kyle.

« Retournons-y », a répondu Kyle. L’eau avait touché sa peau. Par la suite, ses yeux se sont illuminés et ses paroles sont devenues puissantes. Jean sentit ce même rajeunissement, une résurgence de sa force comme s’il venait d’être né sous l’eau. Ils sont entrés à nouveau dans la pièce, avec un état d’esprit jovial, et ayant hâte de continuer, alors que quelques instants auparavant, ils étaient au bord d’une crise d’anxiété.

Kyle sourit. L’eau.

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